La Bouddhéité vient de nulle part. Elle ne s'inscrit pas dans la loi de la causalité des phénomènes. Nous ne pouvons pas découvrir d'où elle vient depuis que l'homme est apparu sur terre. Mais, dès qu’un bébé est né, la conscience apparaît à travers son regard émerveillé, dans l'écoute attentive à la voix de sa mère et dans la sensation de douleur lorsque la sage-femme frappait fermement sur ses fesses. La conscience commence à exister, mais elle n'est pas encore devenue une capacité car l'enfant ne connaît pas sa valeur et ses fonctions pour s'entraîner.
De nous-même, nous ne pouvons pas créer cette conscience. Mais, grâce à la pratique de la méditation enseignée par le Bouddha Shakyamuni, nous avons, au contraire, la possibilité de transformer cette conscience en une capacité concrète et immanente, comme un hypnotiseur utilisant la concentration de la pensée pour créer un champ magnétique, à condition de considérer la conscience comme une faculté spirituelle réelle, en dehors des mécanismes du cerveau, du corps et de l’esprit.
Avec la Vision naturelle, c’est un aperçu fugace, une lumière soudaine d'une vue globale et instantanée, comme si nous venions d’ouvrir les yeux et nous voyions entièrement le paysage devant nous. A partir d’un coup d'oeil rapide, la Vision naturelle s’étend sur la vaste étendue d’espace située devant nous pour voir l’objet et son environnement, les interdépendances de la scène ou de l’objet, y compris les pensées ou les perceptions subtiles dont elle peut déceler. Son champ de vue sera immense comme le ciel, semblable à celui d'un astronaute voyageant dans l’espace.
Avec l’Ouïe naturelle, c’est également une reconnaissance immédiate des sons lointains ou les plus proches jusqu'à l’intérieur de notre corps. Avec le Toucher naturel, c’est aussi une reconnaissance soudaine des sensations de la peau ou des muscles si un objet les touche.
EN RESUME
– La Bouddhéité est la conscience immanente, appelée conscience primordiale. C'est une connaissance non verbale, par opposition à la connaissance de l'intellect et de la conscience discriminante. Lorsqu'elle est présente, le moi doit être absent. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de faire des efforts pour éradiquer la maladie de l'attachement, car la maladie de l'attachement disparaîtra d'elle-même.
– Dans le bouddhisme Theravada, le Bouddha a enseigné à ses disciples la pratique de la Pleine conscience pour réaliser directement la Bouddhéité. Dans le bouddhisme développé, les patriarches faisaient l'éloge de la pratique du Non-né et encourageaient ses disciples à demeurer dans ce Non-né. Les patriarches le considéraient également comme un "joyau capable de répondre à tous les souhaits (Chintamani).
– Dans le bouddhisme Zen, Bodhidharma enseignait aux disciples à viser directement la Bouddhéité en pratiquant l'élimination des pensées, ou le non verbal pour "révéler sa nature propre". Le bouddhisme zen voit la Bouddhéité comme une perle brillante, comme un ciel bleu sans nuages, ou un soleil de sagesse. Le soleil n'est révélé que lorsque les nuages d'ignorance seront dispersés, lorsque les pensées discursives, les réflexions et les raisonnements auront cessé.
– Dans le Sūtra du Lotus, la Bouddhéité est considérée comme la Connaissance de Bouddha. Dans le Sutra Le Samadhi de la marche héroïque, elle est considérée comme le Vrai Mental. Et dans le système final de l'école de la "Voie de la conscience" (Chittamatra), elle est considérée comme la neuvième conscience, en plus de la huitième conscience. Cette neuvième conscience est appelée Amala-vijnāna ou la Pure conscience ou "la structure fondamentalement pure de l'esprit". Selon le bouddhisme tibétain (Vajrayana), on l'appelle le "Kunshi-Nyangluk-Kyi-Gewa", ce qui signifie "la base de tout dans l'état naturel du Bien"), ou le "Bien de base", car elle est la conscience non duale ou la pensée non-conceptuelle.
– Dans la Bouddhéité, il n'y aucun jugement, aucune discrimination, aucune pensée, ni de souffrance ou de perte. Au contraire, il y a une conscience directe sur la globalité de notre environnement, y compris les sensations issues des cinq organes sensorielles mais aucun attachement. Le potentiel d'éveil est latent en son intérieur. Une fois que la Bouddhéité est régulièrement activée par la pratique du Non-attachement ou de la Pleine conscience, notre Sagesse se développera, notre Mental sera transformé. Les maladies psychosomatiques seront corrigées.
Thích Thông Triệt
Source : Tánh giác từ đâu đến ?, Thích Thông Triệt, 05/02/2023
Traduit par Nhất Hòa, relu par Hồng Thuý