FR007 Triệt Như – Confidences N°75 - Traduit en Français par Minh Hạnh: ETRE VIVANT COMME UN MORT

FR007 Triệt Như Confidences N°75
Traduit en Français par Minh Hạnh:

ETRE VIVANT COMME UN MORT

C’est l’histoire d’un bhikkhu démoralisé qui voulait quitter la vie moniale pour retourner à la vie quotidienne. Extrait du sutra « Khudaka Nikaya », : Therotherigatha

Sànu (Thera. 7)

Il était né à Sàvatthi, à l’époque de Bouddha, dans une famille bouddhiste dont le père avait quitté le foyer. A sa naissance, sa mère lui avait donné le nom de Sànu.

A l’âge de 7 ans, sa mère l’avait envoyé dans un monastère dans l’espoir que sa vie serait meilleure au sein des bhikkhus.

Avec le temps, grâce à son travail rigoureux, Sànu était devenu progressivement un très bon élève, puis un excellent enseignant du Dharma et aussi un éminent maître Zen plein de compassion, respecté à la fois par les divinités et la communauté.

Dans une  vie antérieure, sa mère était une Yakkhà (Diablesse)

Cependant, au bout d’un certain temps, il perdait sa lucidité et sa sagesse, vivant dans la souffrance. Il envisageait d’aller parcourir le monde.

Voyant cela, sa mère Yakkhà alerta sa mère actuelle, pour exhorter son fils à être  plus assidu, et lui répéta les paroles des Yakkhàs :

Ne commettez pas de méchancetés

En pleine lumière ou dans l’obscurité

Si on commet l’acte méchant

Dans le présent ou dans le futur

On ne pourra point éviter la souffrance

Même si on veut la fuir par tout moyen.

Une fois les paroles citées, la Diablesse disparut, laissant ainsi la mère de Sànu dans un profond chagrin.

Un jour, Sànu rendit visite à sa mère, en habit de moine et dans ses mains le bol de quête des aliments. En voyant sa mère triste et malheureuse, il lui en demanda les raisons et lui récita ces vers :

Chère mère, on pleure un mort

Ou on pleure un être vivant

Que l’on ne peut pas voir

Chère mère, je suis vivant,

Je suis présent et tu me vois

Pourquoi, chère mère, tu pleures ?

La mère lui répondit en citant les paroles du Sutra :

 « Bhikkhus, selon  les lois des Sages, renoncer à appliquer  les préceptes moraux et retourner à la vie mondaine, c’est la mort».

Et récita ces vers:

On te pleure quand tu meurs

Ou on te pleure quand tu es vivant

Mais que l’on ne te voit pas.

Qui a quitté la luxure

Pour y retourner

Cher fils, on  pleure pour cette personne

Car on considère qu’elle est morte

Même si elle est vivante.

Cher fils, on t’a déjà retiré

Du feu de l’enfer

Veux tu y retourner encore dans l’amas de braises rougeoyantes ?

Après avoir écouté ces paroles, honteux et pris de remords, Sànu se repentit et se consacrait entièrement à la pratique de la méditation contemplative. Peu de temps après,  il atteignait  l’état d’Arahat [1]. Après réflexion, il pensa que cette victoire était due aux poèmes de sa mère et les inclut dans son enseignement.

Quelle leçon peut-on en tirer  après lecture ?

Souvenez-vous de l’histoire « d’un homme parti sans retour » ?

Et aussi de l’existence du prince Siddharta,  quelle est la condition primordiale pour s’engager? C’est une prise de conscience absolue, une volonté inébranlable.

 Une fois la décision prise de quitter sa famille, donc c’est une prise de conscience en choisissant  la voie enseignée par Bouddha, dans ce cas, il faut aller jusqu’au bout du chemin, pour cette existence et aussi pour la suivante. C’est une ‘’décision Paramita’’ dans les 10 Paramitas

Nous sommes des pratiquants du bouddhisme. Il nous faut aussi une très grande détermination, voire plus grande que celle des moines.  Car nous vivons en famille, soumis à des contraintes et nous avons donc beaucoup de défis à surmonter.

Si nous baissons les bras, nous nous laissons aller au découragement, et abandonner en cours de route, nous sommes donc des vaincus. Les perdants vont avoir de nombreuses souffrances et chagrins, et leur vie devient sans issue.

Pourquoi ? Nous perdons face à qui ? Face à nous même. Où pouvons-nous fuir ?

Nous ici c’est notre égo. Notre nature du Bouddha (Bouddhata) est trop faible, incapable de le  vaincre. L’égo c’est l’ignorance, c’est la paresse, la cupidité, l’égoïsme, la jalousie, la médisance, la colère et la souillure.

Combien d’existences déjà sont sous la domination de l’égo, qui  nous entraîne dans des cycles infinis de la naissance et de la mort.

D’après ce poème d’éveil,  le véritable enseignement du Bouddha nous a retiré de l’amas de braises au feu ardent, alors  pourquoi vouloir y retourner maintenant ?

Dans cette histoire, je voudrais vous rappeler que notre existence  est très éphémère, « le feu est déjà à proximité de notre demeure », il  faut être plus diligent et se dépêcher de pratiquer. Ne pas choisir le chemin ‘’ Être vivant comme un mort’’

Monastère principal 21-10-2020

TN